Lénaïg Le Quere, EBH7, créatrice d’une Herboristerie en Ile-et-vilaine
Après 8 ans passés à travailler dans le monde du spectacle, je me suis inscrite à l’EBH pour me former à la connaissance et à l’usage des plantes : botanique, chimie végétale, herboristerie pratique… 2 ans plus tard, je dispose désormais d’un solide socle de savoirs, que je pourrai solliciter et retransmettre dans ma future boutique ; en effet, j’envisage d’ouvrir l’Herboristerie de la Cane à Montfort-sur-Meu (35) d’ici quelques mois. Voici les différentes étapes par lesquelles je suis passée ou que je m’apprête à franchir, et qui jalonnent le parcours de tout créateur d’entreprise…
1) Connais-toi toi-même
Nul besoin d’une psychanalyse, mais tout de même : c’est dès le début qu’il faut s’interroger sur soi et ses motivations, la façon dont on envisage l’avenir, les sacrifices que l’on est prêt à faire ou pas.
Au départ, mon idée est basique : ouvrir une herboristerie et en vivre. Une idée, c’est toujours joli, un peu flou, sans accroc ; un projet, lui, s’ancre dans le réel. Il faut donc formaliser ce que l’on souhaite : quelle sera précisément mon activité ? Que vais-je vendre, à qui, à quel prix ? Où vais-je m’installer ? Réaliser des stages en entreprise, aller à la rencontre des professionnels du secteur sont autant de moyens d’affiner ce que l’on a en tête et de se poser d’emblée les bonnes questions, même (et surtout !) celles qu’on préfèrerait ignorer…
2) Ça va marcher ?
L’enthousiasme, c’est indispensable mais ça peut induire en erreur : être convaincu que ça va marcher est le meilleur moyen de foncer… droit dans le mur ! J’ai dû confronter mes hypothèses de départ à la réalité, en menant une importante étude de marché, outil indispensable pour déterminer si la future entreprise trouvera son public.
Une étude de marché, c’est un peu comme une enquête, et ça se fait en plusieurs phases : on étudie d’abord le contexte global (marché de l’herboristerie en France, principaux acteurs, cadre réglementaire…). Puis on investigue sur son propre territoire : on scrute à la loupe les concurrents pour noter leurs points forts et leurs faiblesses. On interroge ses futurs clients potentiels sur leurs habitudes de consommation, leurs attentes, leurs réticences… Le questionnaire d’enquête (diffusé sur les réseaux sociaux, par exemple) est une excellente base de travail : en un mois j’ai pu obtenir près de 300 réponses.
L’analyse de toutes ces données permet de déterminer le positionnement à adopter pour se démarquer de la concurrence, atteindre sa cible de clientèle, répondre à ses attentes et la fidéliser. On établit les stratégies (marketing, communication, etc.) qui permettront à la future entreprise de se faire une place sur le marché… et si possible d’y rester !
3) Des chiffres et des lettres
Le dossier, appelé « Business plan » dans le jargon des porteurs de projet, commence à être solide : je tiens le bon bout ! Je peux désormais aborder les parties moins glamours : le juridique, le fiscal, le social, et le plus redouté de tous : le financier. Pour résumer, il va falloir choisir le statut de l’entreprise (EI, SAS, SARL, micro-entreprise, etc.), duquel découleront son régime fiscal (impôt sur le revenu ou sur les sociétés / régime réel, simplifié ou micro) et le statut social du dirigeant (assimilé salarié ou indépendant).
Vient ensuite le volet « comptabilité » , étape ô combien laborieuse pour la novice que je suis ! Avant de rentrer le moindre chiffre dans un tableau, j’ai dû me faire violence pour assimiler tout un champ lexical dont j’ignorais l’existence… À moi maintenant le bonheur d’établir mon plan de financement initial, mon prévisionnel à 3 ans, mon plan de trésorerie ou encore mon BFR (Besoin en Fonds de Roulement). Estimer un chiffre d’affaire, un panier moyen, un nombre de clients hebdomadaires est certainement l’un des exercices les plus délicats pour tout créateur d’entreprise. C’est d’autant plus vrai dans un secteur aussi hétéroclite que l’herboristerie où, du fait de sa non-existence officielle, les statistiques sont tout simplement inexistantes…
4) Y a plus qu’à !
Une fois la partie « chiffres » validée par un expert-comptable, il me faudra solliciter les partenaires susceptibles de m’aider dans la concrétisation de mon projet. Il s’agit évidemment des banques, mais aussi des organismes attribuant des prêts d’honneur, des prêts à taux 0 ou des garanties bancaires.
Si j’obtiens les financements dont j’ai besoin, il ne me restera « plus qu’à » créer juridiquement l’Herboristerie de la Cane, lui trouver un joli local commercial, dénicher des fournisseurs… et mettre en œuvre toutes les stratégies établies dans mon business plan, pour lui assurer un long et brillant avenir !
Jamais seuls !
On l’a vu, le parcours de l’entrepreneur est dense, très prenant, et parfois complexe… Heureusement, de nombreux partenaires proposent différentes formes d’accompagnement : en tant que demandeuse d’emploi j’ai pu notamment bénéficier de la prestation Activ’Créa (qui correspond en gros à l’étape n°1). J’ai ensuite signé un contrat « Pass Création » initié par la région Bretagne, qui me permet d’être épaulée par une conseillère en création d’entreprise à la CCI d’Ille-et-Vilaine. Enfin, j’ai suivi la formation « 5 jours pour entreprendre » (proposée également par la CCI et finançable par le Compte Personnel de Formation), et que je recommande chaudement à toute personne souhaitant se lancer dans l’entrepreneuriat, quel que soit son projet.
Pour celles et ceux qui souhaitent suivre l’avancée de mon projet, n’hésitez pas à visiter la page www.herboristeriedelacane.fr